L’assurance de prêt représente souvent le deuxième poste de dépense d’un crédit immobilier, après les intérêts. Son coût peut sembler élevé, mais il s’explique par plusieurs facteurs : la durée d’engagement, les risques couverts et le mode de tarification choisi.
Bonne nouvelle : il existe des leviers concrets pour réduire significativement cette facture. Entre la délégation d’assurance, l’optimisation de votre profil et le choix des bonnes garanties, vous pouvez économiser plusieurs milliers d’euros sur la durée totale de votre prêt immobilier.
Comprendre pourquoi l’assurance de prêt est perçue comme « chère »
Un produit indispensable et imposé par la banque
L’assurance emprunteur joue un rôle de sécurisation du prêt pour la banque. Elle garantit le remboursement du capital restant dû en cas de décès, d’invalidité ou d’incapacité de travail de l’emprunteur. Sans cette protection, l’établissement prêteur comme l’emprunteur prennent un risque financier trop important.
C’est pourquoi la banque exige systématiquement une couverture minimale incluant les garanties décès et PTIA (Perte Totale et Irréversible d’Autonomie). Pour un prêt immobilier, l’assurance de prêt n’est pas légalement obligatoire, mais elle constitue une condition sine qua non pour obtenir un financement. La banque peut refuser le crédit si l’emprunteur ne présente pas de garanties suffisantes.
Un risque élevé pour l’assureur
L’assureur s’engage sur des durées longues, généralement entre 15 et 25 ans. Durant cette période, il prend en charge des risques significatifs liés à la santé de l’emprunteur, à sa profession, à la pratique de sports à risque ou encore au statut tabagique.
La probabilité de sinistres n’est pas négligeable. Une incapacité temporaire de travail (ITT), une invalidité permanente partielle (IPP) ou totale (IPT) peuvent survenir à tout moment. Chaque année, des milliers d’emprunteurs sont concernés par des arrêts de travail prolongés ou des accidents impactant leur capacité à rembourser. L’assureur doit constituer des réserves financières importantes pour faire face à ces engagements.
Les garanties obligatoires et les options qui impactent fortement le prix
Le socle de base comprend les garanties décès et PTIA. Mais dans la pratique, les banques exigent presque toujours des couvertures complémentaires pour les prêts immobiliers :
- ITT (Incapacité Temporaire de Travail) : elle représente une forte pondération tarifaire car c’est la garantie la plus sollicitée.
- IPT (Invalidité Permanente Totale) : couvre l’invalidité entre 66% et 99% selon un barème croisé qui tient compte de l’impact de la pathologie de l’assuré sur sa vie privé (barème fonctionnel) et sur son activité professionnel (barème professionnel).
- IPP (Invalidité Permanente Partielle) : protection en cas d’invalidité supérieure ou égale à 33% et inférieure à 66%.
Les options supplémentaires et la quotité d’assurance choisie multiplient le prix final. La quotité représente la part du capital empruntée couverte par l’assurance. Pour un couple de co-emprunteurs, assurer chacun à 100% (soit 200% au total) coûte logiquement deux fois plus cher qu’une répartition 50%/50%.
Le mode de tarification et le profil de l’emprunteur jouent un rôle majeur
Deux modes de calcul existent concernant le calcul du tarif de l’assurance emprunteur :
- Sur le capital initial : la cotisation reste stable sur toute la durée, elle est calculée sur le montant emprunté
- Sur le capital restant dû : après quelques années, la prime diminue progressivement au fur et à mesure des remboursements (le capital restant à rembourser diminue dans le temps)
L’influence de l’âge est déterminante. A garanties équivalentes, un emprunteur de 25 ans paie beaucoup moins cher qu’un emprunteur de 50 ans. Le risque de sinistre augmente en effet naturellement avec l’âge.
Le statut tabagique pèse lourd dans la balance. Un fumeur paie généralement 30 à 70% plus cher qu’un non-fumeur. L’indice de masse corporelle (IMC) est également scruté : un IMC supérieur à 26-28 peut entraîner une surprime médicale.
Les risques médicaux existants (diabète, hypertension, antécédents cardiaques) ou professionnels (métiers du bâtiment, forces de l’ordre, professions en hauteur) génèrent des surprimes parfois importantes. Dans certains cas qualifiés de risque aggravé de santé, l’assurance peut même être refusée ou proposée à des tarifs majorés.
Les contrats bancaires sont souvent plus chers
Les assurances proposées par les banques pratiquent une mutualisation fermée des risques. Tous les emprunteurs d’une même tranche d’âge payent le même prix, qu’ils soient sportifs en parfaite santé ou fumeurs avec des antécédents médicaux. Cette absence de segmentation fine conduit à des tarifs standardisés plus élevés, surtout pour les profils présentant peu de risques.
À l’inverse, les assureurs délégataires analysent individuellement chaque dossier pour proposer un prix adapté au profil réel de l’emprunteur. Les bons profils en profitent directement.
Comment réduire concrètement le coût de son assurance de prêt ?
Utiliser la concurrence et la délégation d’assurance
La loi Lemoine, entrée en vigueur en 2022, permet la résiliation à tout moment de votre assurance emprunteur, sans frais ni pénalités. Vous n’avez plus à attendre la date anniversaire du contrat. Cette résiliation infra-annuelle (RIA) facilite grandement le changement d’assurance de prêt.
L’écart de prix entre une assurance banque et une délégation peut atteindre 40 à 60% pour les profils jeunes et sans risque.
Exemple concret : sur un prêt de 200 000€ sur 20 ans, un emprunteur de 35 ans non-fumeur peut payer 50€/mois avec l’assurance groupe de sa banque, contre 20 à 25€/mois en délégation d’assurance. Cela représente une économie de 6 000 à 7 200€ sur la durée totale.
Le gain moyen constaté sur le marché se situe entre 5 000€ et 15 000€ selon le montant emprunté, l’âge et la durée du prêt. Les profils les plus gagnants sont les jeunes emprunteurs non-fumeurs en bonne santé.
Comparer les garanties et adapter la couverture à son profil
Évitez les garanties « sur-assurées ». Si vous êtes fonctionnaire avec une excellente couverture professionnelle, inutile de souscrire une franchise ITT de 30 jours qui coûte plus cher. Une franchise de 90 jours peut suffire et réduire sensiblement le prix de votre assurance.
Pour les co-emprunteurs, adaptez intelligemment les quotités. Si l’un des deux a des revenus nettement supérieurs, il peut être judicieux de l’assurer à 70% et l’autre à 30%, plutôt que 100% chacun. Vérifiez toutefois que la banque accepte cette répartition.
Ajuster les franchises ITT (30, 60 ou 90 jours) permet aussi d’économiser. Plus la franchise est longue, moins la cotisation est élevée. Évaluez votre capacité à tenir financièrement pendant cette période sans indemnisation, et vérifier la quotité exigée par la banque pour être en équivalence de garanties.
Optimiser son tarif via son profil
Vous avez arrêté de fumer ? Déclarez-le à votre assureur après 24 mois sans consommation de tabac. La plupart des assureurs reclassent alors l’emprunteur en profil non-fumeur, avec une baisse tarifaire immédiate pouvant atteindre 40%.
Travailler à stabiliser votre IMC avant la souscription peut éviter une surprime. Une perte de poids de quelques kilos peut faire basculer d’une catégorie à risque vers un profil standard.
Mieux préparer son dossier médical fait aussi la différence. Rassemblez tous les documents médicaux pertinents, les comptes rendus de suivi pour montrer la stabilisation d’une pathologie ancienne. Un questionnaire médical bien rempli et documenté rassure l’assureur et limite les surprimes.
Choisir le bon mode de tarification
La tarification sur capital initial offre une cotisation stable, mais s’avère souvent plus chère au global. Elle convient si vous privilégiez la prévisibilité budgétaire ou si vous pensez rembourser votre prêt au bout de 8 à 10 ans.
La tarification sur capital restant dû est décroissante et donc plus économique sur la durée totale. Vos mensualités baissent progressivement. Ce mode est particulièrement intéressant pour les longs crédits (20-25 ans). Sur un prêt de 250 000€ sur 25 ans, l’économie peut dépasser 3 000€ comparé à une tarification sur capital initial.
Faire jouer la loi Lemoine pour changer en cours de prêt
La banque a l’obligation d’accepter votre nouveau contrat si les garanties sont au moins équivalentes à celles exigées initialement. Cette équivalence est vérifiée via la fiche standardisée d’information (FSI) que votre banque doit vous avoir remise.
Le délai de traitement légal est de 10 jours ouvrés maximum. La banque ne peut refuser sans motif légitime lié à l’équivalence des garanties.
Documents nécessaires pour changer d’assurance de prêt immobilier :
- Les conditions générales du nouveau contrat
- Le tableau d’amortissement actualisé
- L’attestation d’assurance du nouvel assureur
- La demande de substitution
Pour augmenter votre gain réel, comparez plusieurs offres en ligne via un comparateur d’assurance spécialisé. N’hésitez pas à négocier avec les assureurs délégataires en mettant en concurrence au moins 3 à 4 offres. Certains courtiers proposent des optimisations sur-mesure qui peuvent encore améliorer le tarif.
À retenir : combien peut-on économiser ?
L’économie moyenne se situe entre 50€ et 150€ par mois selon le montant emprunté et le profil. En passant chez un assureur externe, le TAEA (Taux Annuel Effectif de l’Assurance) peut passer de 0,40% à 0,10% pour les meilleurs profils, soit une division par quatre du coût total de l’assurance.
Les profils les plus gagnants sont :
- Les jeunes emprunteurs de moins de 40 ans
- Les non-fumeurs
- Les personnes sans antécédents médicaux
- Les professions non classées “à risque”
Pour une économie maximale, l’importance de comparer et d’adapter les garanties ne peut être sous-estimée. Un couple empruntant 300 000€ sur 25 ans peut économiser jusqu’à 40 000€ en combinant délégation d’assurance, optimisation des quotités et choix du bon mode de tarification.
Le meilleur moment pour agir ? Maintenant. Grâce à la loi Lemoine, vous pouvez changer à tout moment. Même si vous avez souscrit votre prêt il y a plusieurs années, il n’est jamais trop tard pour réaliser des économies substantielles. Comparez, négociez, et adaptez votre contrat à votre situation réelle.
En résumé
Réduire le coût de son assurance de prêt n’est pas seulement possible : c’est devenu simple et accessible. En comprenant les facteurs qui influencent le prix — garanties exigées, profil de l’emprunteur, mode de tarification — chacun peut identifier des leviers d’optimisation vraiment efficaces.
Délégation d’assurance, adaptation des garanties, ajustement des quotités, choix du bon mode de calcul… les économies peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros sur la durée du crédit.
Grâce à la loi Lemoine, le changement d’assurance est désormais possible à tout moment : un véritable atout pour reprendre la main sur son budget immobilier. Comparer, anticiper et ajuster son contrat reste donc le meilleur moyen de payer le juste prix tout en conservant une protection solide.
FAQ
Q1. Pourquoi l’assurance de prêt coûte-t-elle si cher ?
Parce que l’assureur couvre des risques lourds (décès, invalidité, incapacité) sur une durée longue. Le prix dépend aussi de l’âge, de l’état de santé, de la profession, des garanties choisies et du mode de tarification.
Q2. Comment réduire le coût de son assurance emprunteur ?
En comparant les offres, en passant à une assurance délégataire, en ajustant les garanties, en choisissant la bonne quotité et en profitant de la loi Lemoine qui permet de changer d’assurance à tout moment.
Q3. Est-ce intéressant de changer d’assurance pendant le prêt ?
Oui. Grâce à la loi Lemoine, un changement en cours de prêt peut réduire le coût total du crédit de plusieurs milliers d’euros, surtout pour les contrats bancaires souvent plus chers.