Lorsque vous souscrivez un prêt immobilier, la banque vous demande de prendre une assurance emprunteur pour garantir le remboursement en cas d’imprévus (décès, invalidité, incapacité de travail). Mais saviez-vous que le coût de cette assurance peut varier en fonction de votre profil ? Dans certains cas, les assureurs appliquent une surprime, c’est-à-dire un surcoût lié à un risque jugé plus élevé.
Problèmes de santé, profession risquée, habitudes de vie… Plusieurs facteurs peuvent entraîner une surprime et alourdir votre budget. Heureusement, il existe des solutions pour l’éviter ou la réduire ! Dans cet article, nous vous expliquons comment limiter ces surcoûts et optimiser votre contrat d’assurance emprunteur, afin de réaliser des économies sur le long terme.
Qu’est-ce qu’une surprime en assurance emprunteur ?
Lorsque vous souscrivez une assurance emprunteur, l’assureur évalue votre profil de risque en fonction de plusieurs critères : votre âge, votre état de santé, votre profession et vos habitudes de vie. Si vous présentez un risque jugé plus élevé que la moyenne, une surprime peut être appliquée, augmentant ainsi le coût de votre assurance.
Pourquoi les assureurs appliquent-ils des surprimes ?
En assurance, la tarification repose sur un principe de mutualisation des risques : les primes payées par tous les assurés permettent de couvrir les sinistres de ceux qui en subissent. Lorsqu’un emprunteur présente un ou des facteurs de risques spécifiques, l’assureur ajuste le tarif pour garantir l’équilibre financier du contrat.
Les surprimes servent donc à compenser un risque supplémentaire identifié par l’assureur. Par exemple :
- Un emprunteur fumeur présente un risque accru de maladies cardiovasculaires et respiratoires.
- Une personne exerçant un métier dangereux (pompier, pilote d’avion…) a plus de risques d’accidents.
- Un emprunteur souffrant d’une maladie chronique (diabète, hypertension) est plus susceptible de rencontrer des problèmes de santé impactant sa capacité de remboursement.
Exemple concret : Marc, 35 ans, fumeur et pratiquant la plongée sous-marine, voit son assurance emprunteur majorée de 30 % par rapport à un profil standard.
Comment la surprime est calculée ?
La surprime en assurance emprunteur correspond à une majoration du tarif de base appliquée lorsqu’un emprunteur présente un risque aggravé en raison de son état de santé, de sa profession ou de ses habitudes de vie. Elle est calculée par l’assureur après une analyse approfondie du profil de l’emprunteur.
Son objectif est d’ajuster le coût de l’assurance afin de compenser le risque de survenance d’un sinistre plus élevé et donc un risque financier supplémentaire pris par l’assureur en cas de décès, d’invalidité ou d’incapacité de travail de l’emprunteur.
L’application d’une surprime repose sur un processus d’évaluation structuré, qui comprend plusieurs étapes essentielles : le questionnaire de santé et les éventuelles formalités médicales pouvant être demandées par l’assureur, l’analyse des habitudes de vie, et l’analyse de la profession.
L’état de santé : un critère déterminant dans le calcul de la surprime
L’évaluation de l’état de santé constitue l’un des piliers fondamentaux de la tarification en assurance emprunteur. Les compagnies d’assurance s’appuient sur une analyse médicale approfondie pour identifier les risques susceptibles d’entraîner un sinistre (décès, invalidité ou incapacité). Cette analyse repose sur un questionnaire médical détaillé, complété, et si nécessaire, par des examens médicaux spécifiques.
Dans le cadre de cette évaluation, certaines pathologies sont considérées comme des facteurs de risque avérés, justifiant une majoration de la prime pour compenser le sur-risque assumé par l’assureur.
Les pathologies impactant le calcul de la surprime
Les pathologies répertoriées comme à risque par les assureurs sont celles qui augmentent la probabilité d’un arrêt de travail prolongé, d’une invalidité ou d’un décès prématuré.
Les maladies chroniques : un impact direct sur le risque assurantiel
Les maladies chroniques nécessitant un traitement médical régulier ou susceptibles de s’aggraver avec le temps sont attentivement étudiées. Parmi les plus fréquemment impactées par une surprime, on retrouve :
- Diabète de type 1 ou 2 : risque accru de complications cardiovasculaires et rénales.
- Hypertension artérielle : facteur aggravant des accidents vasculaires cérébraux et des maladies cardiaques.
- Insuffisance rénale chronique : nécessité de traitements lourds (dialyse) et risque accru d’invalidité.
- Asthme sévère : potentielle incapacité temporaire de travail en cas de crises aiguës fréquentes.
Exemple : Un emprunteur diabétique dont l’HbA1c est mal contrôlée (>8 %) pourra se voir appliquer une surprime de 50 à 100 %, voire une exclusion de certaines garanties (notamment l’Incapacité Temporaire de Travail).
Pathologies cardiovasculaires : un facteur de risque majeur
Le risque cardiovasculaire est une préoccupation majeure pour les assureurs, en raison des conséquences souvent graves de ces affections sur l’espérance de vie.
- Antécédents d’infarctus du myocarde : risque élevé de récidive, même avec un traitement adapté.
- Accidents vasculaires cérébraux (AVC) : probabilité accrue de séquelles neurologiques invalidantes.
- Arythmies cardiaques (fibrillation auriculaire, tachycardie ventriculaire) : risque de complications soudaines.
Exemple : Un emprunteur ayant subi un infarctus il y a moins de 2 ans pourrait se voir appliquer une surprime de 100 à 150 %, tandis qu’un antécédent plus ancien, stabilisé et bien suivi médicalement, pourrait entraîner une surprime plus modérée (50 à 80 %).
Antécédents de cancer : une évaluation sur mesure
Le traitement des emprunteurs ayant des antécédents de cancer a évolué grâce à la convention AERAS (S’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé). Toutefois, l’assureur applique encore des surprimes en fonction de plusieurs critères :
- Type de cancer : certains cancers (sein, prostate) ont un taux de survie élevé et sont mieux pris en compte que d’autres plus agressifs.
- Stade au moment du diagnostic : plus le cancer était avancé, plus le risque de récidive est élevé.
- Date de rémission : un emprunteur en rémission depuis plus de 5 ans peut bénéficier d’un droit à l’oubli, supprimant ainsi toute surprime liée à la maladie.
Troubles psychiatriques : une prise en compte croissante par les assureurs
Les troubles psychiatriques sont aujourd’hui reconnus comme des facteurs pouvant impacter la capacité de travail d’un emprunteur. Selon la gravité et la stabilité du trouble, l’assureur peut appliquer une surprime ou exclure certaines garanties.
- Dépression sévère : en cas d’antécédents d’hospitalisation ou de traitement lourd, un risque accru d’invalidité est pris en compte.
- Troubles bipolaires : variations de l’état de santé pouvant impacter la stabilité professionnelle et financière.
- Antécédents de tentative de suicide : considérés comme un indicateur de risque aggravé, souvent soumis à une évaluation approfondie.
Exemple : Un emprunteur ayant été hospitalisé pour une dépression sévère au cours des 5 dernières années pourrait se voir appliquer une surprime de 50 à 120 %, en fonction de l’évolution de son état de santé et du suivi thérapeutique mis en place.
L’importance du dossier médical pour l’assurance emprunteur
L’analyse du dossier médical est un élément essentiel pour établir le tarif de l’assurance emprunteur. Plus l’emprunteur peut fournir des preuves d’un suivi médical rigoureux et d’une stabilisation de son état de santé, plus il aura de chances de voir sa surprime réduite ou recalculée dans le temps.
En adoptant une démarche proactive et en présentant un dossier médical complet et actualisé, l’emprunteur peut considérablement améliorer ses conditions d’assurance et alléger la charge financière de son emprunt.
Les consommations d’alcool et de tabac : quels sont les impacts sur l’assurance emprunteur ?
Les comportements et le mode de vie de l’emprunteur constituent un critère clé dans l’évaluation du risque par l’assureur. En effet, certaines habitudes peuvent augmenter la probabilité d’apparition de pathologies graves, influençant directement le coût de l’assurance emprunteur. Ces facteurs sont particulièrement scrutés par les assureurs, qui appliquent des surprimes en fonction de l’exposition aux risques liés à la santé.
Tabagisme : un facteur de risque majeur
Le tabac est un élément central dans l’évaluation du risque en raison de son lien avéré avec de nombreuses pathologies graves, notamment les maladies cardiovasculaires, pulmonaires et cancéreuses.
- Fumer est plus large que de consommer des cigarettes, il s’agit pour l’assureur de consommer de la nicotine, quel que soit le mode d’ingestion.
- Un emprunteur est considéré comme fumeur s’il consomme ne serait-ce qu’une cigarette ou un cigare de manière occasionnelle.
- Le vapotage, bien que perçu comme une alternative au tabac, est assimilé au statut de fumeur par les assureurs, sauf si l’emprunteur prouve l’absence de nicotine dans ses e-liquides.
- La surprime appliquée aux fumeurs varie généralement entre 30 et 50 % en fonction de l’âge et des antécédents médicaux.
Un emprunteur peut être reclassé en non-fumeur après 24 mois d’arrêt total, sous réserve de tests médicaux validés (dosage de la cotinine, par exemple).
Exemples de surprimes appliquées aux fumeurs :
Profil de l’emprunteur |
Surprime estimée |
Moins de 35 ans, sans antécédent médical |
+30 % |
Plus de 50 ans, fumeur depuis plus de 20 ans |
+50 % à 100 % |
Fumeur avec antécédent cardiovasculaire |
+100 % à 150 % |
L’alcoolisme chronique ou une consommation excessive d’alcool constitue aussi un facteur aggravant pour l’assureur. Les conséquences de l’alcool sur la santé sont multiples et augmentent le risque de décès prématuré ou d’invalidité.
- Une consommation excessive d’alcool est associée à un risque accru de cirrhose, d’hypertension artérielle, de cancers digestifs et de troubles neurologiques.
- Certains assureurs imposent un examen médical spécifique, comprenant une analyse sanguine (gamma-GT, transaminases) pour évaluer les éventuels dommages hépatiques.
- Dans certains cas d’alcoolodépendance avérée, l’assureur peut refuser l’assurance ou appliquer une exclusion de garanties sur l’Incapacité Temporaire de Travail et l’Invalidité.
Exemple : Un emprunteur ayant un taux de gamma-GT supérieur à la normale, sans antécédent de maladie hépatique, pourra voir son contrat soumis à une surprime de 30 à 80 %, selon le diagnostic posé par son médecin.
L’Indice de Masse Corporelle (IMC) : un indicateur clé de risque
L’IMC est un indicateur essentiel utilisé par les assureurs pour évaluer le risque médical. Un IMC déséquilibré, qu’il soit trop bas ou trop élevé, peut être associé à des problèmes de santé majeurs.
Voici les seuils de classification en assurance emprunteur :
IMC |
Catégorie |
Risques associés |
Surprime estimée |
< 18 |
Insuffisance pondérale |
Risques nutritionnels, immunodéficience, ostéoporose |
10 à 30 % |
18 – 25 |
Normale |
Faible risque |
Aucune |
25 – 30 |
Surpoids |
Hypertension, diabète de type 2 (potentiel) |
10 à 40 % |
30 – 35 |
Obésité modérée |
Diabète, maladies cardiovasculaires |
25 à 75 % |
35 – 40 |
Obésité sévère |
Maladies métaboliques, arthrose, apnée du sommeil |
50 à 100 % |
> 40 |
Obésité morbide |
Risques très élevés de pathologies graves |
100 à 150 %, voire refus |
- Un IMC supérieur à 30 est considéré comme un facteur de risque cardiovasculaire majeur, ce qui peut entraîner des majorations de tarif significatives.
- Un IMC inférieur à 18 peut également être problématique, car il peut être lié à des troubles alimentaires, une fragilité osseuse ou une faible immunité.
Les habitudes de vie : un impact déterminant sur l’évaluation de la surprime
Les assureurs évaluent non seulement l’état de santé des emprunteurs, mais aussi leur environnement professionnel et leurs activités de loisirs. En effet, certains métiers et sports impliquent des risques accrus d’accident ou de décès, ce qui peut entraîner une surprime ou des exclusions de garantie pour l’assurance emprunteur.
Les professions à risque : un facteur d’augmentation des cotisations
Certains secteurs d’activité sont considérés comme dangereux en raison de leur exposition aux accidents de travail, aux maladies professionnelles ou aux conditions extrêmes. Les travailleurs évoluant dans ces domaines peuvent donc se voir appliquer une surprime sur leur assurance emprunteur :
Secteur |
Professions concernées |
Risques identifiés |
Surprime estimée |
BTP |
Couvreurs, charpentiers, grutiers, électriciens en hauteur |
Chutes, électrocutions, manutention lourde |
10 à 50 % |
Forces de l’ordre |
Pompiers, policiers, militaires, agents de sécurité |
Interventions risquées, exposition aux agressions |
15 à 60 % |
Transports et aéronautique |
Pilotes d’avion, marins, convoyeurs de fonds |
Accidents en vol, en mer ou sur la route |
20 à 70 % |
Les conséquences sur l’assurance emprunteur sont :
- Une surprime de 10 à 70 % selon la dangerosité du métier et les statistiques d’accidents.
- Possibilité d’exclusions de garanties (par exemple, une absence de couverture pour les accidents de travail).
- Certains assureurs exigent un questionnaire détaillé pour mieux cerner le niveau de risque.
Exemple : Un grutier travaillant en hauteur et exposé aux chutes pourrait voir sa surprime s’élever à 30 à 50 %. Un pilote de ligne peut être soumis à une majoration allant jusqu’à 70 %, en raison du risque lié aux longs trajets et aux conditions de travail sous pression.
Les loisirs à risque : un critère scruté par les assureurs
Les activités pratiquées en dehors du cadre professionnel sont également prises en compte par les assureurs. Certains sports et loisirs sont considérés comme dangereux en raison du risque élevé d’accident, de blessure grave ou de décès :
Catégorie |
Activités concernées |
Risques identifiés |
Surprime estimée |
Sports aériens |
Parachutisme, parapente, deltaplane |
Chutes mortelles, collisions |
50 à 100 % |
Sports nautiques |
Plongée sous-marine à plus de 40m, kitesurf, rafting extrême |
Décompression, noyade |
40 à 80 % |
Sports mécaniques |
Moto-cross, rallye automobile, Formule 1 |
Accidents graves, traumatismes crâniens |
60 à 150 % |
Sports de combat |
Boxe, MMA, arts martiaux |
Commotions cérébrales, fractures |
30 à 80 % |
Sports de montagne |
Alpinisme, ski hors-piste, escalade |
Chutes en altitude, avalanches |
50 à 120 % |
Les conséquences sur l’assurance emprunteur sont :
- Surprime appliquée en fonction de la fréquence et du niveau de pratique. Un sportif amateur pourra avoir une surprime moindre qu’un pratiquant intensif.
- Exclusions possibles sur certaines garanties, notamment pour l’Invalidité Permanente et Totale (IPT).
- Certains assureurs exigent la souscription à une assurance spécifique pour les sports extrêmes.
Exemple : Un plongeur pratiquant régulièrement à plus de 40 mètres de profondeur pourrait voir son contrat assorti d’une surprime de 50 à 100 %, en raison des risques de décompression et d’accidents graves liés à cette activité.
Les solutions pour éviter ou réduire une surprime en assurance emprunteur
Une surprime en assurance emprunteur peut alourdir considérablement le coût global d’un crédit immobilier. Cependant, il existe plusieurs solutions pour éviter ou réduire ces majorations tarifaires. En adoptant une approche proactive et en optimisant son choix d’assurance, il est possible d’accéder à une couverture plus avantageuse.
Adopter une bonne hygiène de vie pour réduire le risque
L’un des principaux leviers pour diminuer le coût de son assurance emprunteur est d’améliorer son état de santé et ses habitudes de vie. En effet, les assureurs appliquent des surprimes sur la base des risques médicaux déclarés.
- Arrêter de fumer : un impact direct sur la tarification
Le tabac est l’un des critères les plus pénalisants dans l’évaluation des risques par l’assureur. Un fumeur peut voir le coût de son assurance augmenter de 30 à 50 %, voire plus selon son profil.
Bon à savoir : Un emprunteur peut être considéré comme non-fumeur s’il a arrêté toute consommation de nicotine depuis au moins 24 mois, sans rechute, et qu’il peut le justifier via une déclaration de santé ou un test médical si nécessaire.
- Maintenir un poids santé et surveiller sa condition physique
L’indice de masse corporelle (IMC) est un critère d’évaluation clé pour les assureurs. Un IMC trop élevé (>30) ou trop bas (<18) peut être associé à des risques de maladies métaboliques, cardiovasculaires ou nutritionnelles.
- Réduire sa consommation d’alcool
Une consommation excessive d’alcool est un facteur de risque majeur pour de nombreuses pathologies (cirrhose, hypertension, maladies cardiovasculaires). L’assureur peut exiger des analyses sanguines pour évaluer l’impact de la consommation d’alcool sur la santé de l’emprunteur.
Anticiper et bien préparer son dossier médical
L’un des moments clés dans l’évaluation du risque est le remplissage du questionnaire médical. Une déclaration bien préparée peut éviter des surprimes inutiles.
- Remplir le questionnaire de santé avec attention
- Être transparent, mais ne pas déclarer inutilement des pathologies mineures qui ne sont plus d’actualité.
- Ne pas cacher d’antécédents médicaux graves, sous peine de nullité du contrat en cas de sinistre.
- Joindre des documents médicaux prouvant un bon suivi et une évolution positive de sa santé.
Exemple : Un emprunteur ayant souffert d’hypertension mais stabilisé depuis plusieurs années peut fournir des bilans médicaux récents attestant d’un bon état de santé, ce qui peut limiter voire supprimer la surprime appliquée.
- Faire appel à la convention AERAS pour les profils à risques
La convention AERAS (S’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) permet aux personnes ayant un problème de santé sérieux d’accéder plus facilement à une assurance emprunteur.
-
- Elle facilite l’accès à un contrat sans exclusion de garanties.
- Elle impose un plafonnement des surprimes pour certains profils (ex : anciens malades de cancer).
- Elle peut permettre de bénéficier du droit à l’oubli pour certaines pathologies après un certain délai.