Vous venez de recevoir une réponse négative pour votre assurance emprunteur ? La raison invoquée ? Votre dépression ou votre fibromyalgie est considérée comme une « maladie non objectivable ». Ce terme technique peut sembler incompréhensible, mais il cache une réalité importante pour tous les emprunteurs concernés par certaines pathologies.
Une maladie non objectivable est une pathologie dont les symptômes ne peuvent pas être mesurés ou prouvés par des examens médicaux classiques. Contrairement à une fracture visible sur une radiographie ou un diabète détectable par une prise de sang, ces maladies reposent principalement sur les symptômes ressentis et déclarés par le patient.
Cette particularité pose des défis majeurs en assurance emprunteur, car les compagnies d’assurance ont des difficultés à évaluer objectivement les risques. Dans cet article, vous découvrirez ce qui caractérise ces maladies, pourquoi elles compliquent l’obtention d’une assurance emprunteur, et surtout, quelles solutions existent pour obtenir votre crédit immobilier malgré ces obstacles.
Définition et caractéristiques des maladies non objectivables
Pour bien comprendre l’impact de ces pathologies sur votre assurance emprunteur, il est essentiel de saisir leurs spécificités médicales et leurs implications dans le processus de souscription d’une assurance de prêt immobilier.
Qu’est-ce qu’une maladie non objectivable exactement ?
Une maladie non objectivable se définit par l’absence de preuves médicales mesurables et reproductibles. Le diagnostic repose essentiellement sur l’observation des symptômes par le médecin et sur les déclarations du patient. Aucun examen biologique, radiologique ou technique ne peut confirmer formellement la présence ou l’intensité de la maladie.
Cette caractéristique les oppose aux maladies objectivables comme le cancer (détectable par biopsie), l’hypertension (mesurable au tensiomètre) ou l’insuffisance cardiaque (visible à l’échocardiographie). Pour les maladies non objectivables, le diagnostic médical s’appuie sur l’expertise clinique et l’évaluation des symptômes décrits par le patient.
La médecine reconnaît pleinement ces pathologies, qui peuvent être très invalidantes. Cependant, leur nature subjective pose des défis particuliers dans le domaine de l’assurance, où l’évaluation du risque nécessite des critères objectifs et mesurables.
Les critères d’identification
Plusieurs éléments permettent d’identifier une maladie non objectivable :
L’absence d’examens biologiques probants constitue le premier critère. Les analyses de sang, d’urine ou autres prélèvements ne révèlent généralement aucune anomalie significative qui expliquerait les symptômes ressentis.
Le diagnostic repose sur l’évaluation clinique et l’interrogatoire médical. Le médecin observe les comportements, écoute les plaintes du patient et établit son diagnostic en se basant sur des critères cliniques établis, mais non mesurables.
L’évolution imprévisible caractérise également ces pathologies. Les symptômes peuvent varier considérablement d’un jour à l’autre, sans cause apparente. Cette variabilité rend difficile l’établissement de pronostics fiables.
Enfin, la subjectivité du ressenti joue un rôle central. Deux personnes atteintes de la même maladie non objectivable peuvent présenter des symptômes d’intensité très différente, rendant complexe l’évaluation standardisée de leur état.
Les principales maladies concernées
Lorsque vous souscrivez une assurance emprunteur, il est crucial de comprendre quels types de maladies peuvent être considérées comme des motifs non-objectivables (MNO). Ces conditions de santé spécifiques peuvent influencer votre admissibilité à certaines couvertures, notamment les pathologies psychiques et les affections dorsales.
Pathologies Psychiques
Les MNO incluent une variété de troubles psychiatriques et psycho-neurologiques, tels que les états dépressifs, les troubles anxieux, les troubles alimentaires, et les syndromes de fatigue chronique. Ces conditions peuvent affecter significativement la capacité d’un individu à maintenir une stabilité émotionnelle et une productivité constante.
Les exemples de pathologies psychiques couramment incluses comme MNO sont :
- Dépressions et états dépressifs de toute nature
- Troubles de la personnalité et du comportement
- Troubles de l’alimentation
- Syndrome de fatigue chronique
- Burn-out et autres troubles de stress liés au travail
Affections de la Colonne Vertébrale
Les affections dorsales, notamment celles de la colonne vertébrale, sont également classées comme MNO. Ces conditions peuvent varier de la douleur lombaire commune à des problèmes plus sévères tels que les hernies discales et les sciatiques. Elles affectent souvent la capacité physique et le bien-être général de l’assuré.
Les exemples d’affections de la colonne vertébrale incluses comme MNO sont :
- Hernie discale
- Lumbago (lombalgie)
- Sciatique
- Cruralgie
- Cervicalgie
- Dorsalgie
- Contusion cervical
Impact sur l’assurance emprunteur
L’assurance emprunteur joue un rôle crucial dans l’obtention d’un crédit immobilier. Lorsque vous présentez une maladie non objectivable, cette assurance devient souvent un obstacle majeur à votre projet d’emprunt, nécessitant une compréhension approfondie des enjeux.
Pourquoi les assureurs sont-ils méfiants ?
La difficulté d’évaluation objective du risque constitue la préoccupation principale des compagnies d’assurance. Sans examens médicaux fiables pour confirmer ou infirmer la pathologie, les assureurs s’appuient uniquement sur les déclarations du patient et l’avis du médecin traitant.
Cette situation génère un risque de subjectivité dans l’évaluation qui inquiète les assureurs. L’intensité des symptômes, leur impact sur la capacité de travail et leur évolution future restent difficiles à prédire avec précision.
L’historique de sinistralité élevée associé à ces pathologies influence également les décisions d’assurance. Les statistiques montrent que les arrêts de travail et les invalidités liés aux troubles psychiques ou aux douleurs chroniques représentent une part croissante des sinistres.
Les assureurs redoutent aussi le risque de simulation ou d’aggravation volontaire des symptômes. Bien que la majorité des patients soient de bonne foi, cette possibilité existe et complique l’évaluation des dossiers.
Enfin, l’évolution imprévisible de ces maladies rend difficile l’établissement de tarifs adaptés. Une dépression apparemment stabilisée peut rechuter, et une fibromyalgie légère peut s’aggraver brutalement.
Conséquences pour l’emprunteur
Les surprimes importantes représentent la conséquence la plus fréquente. Un emprunteur souffrant de dépression peut voir sa cotisation d’assurance multipliée par deux ou trois. Pour un crédit de 300 000 euros sur 20 ans, cela peut représenter plusieurs milliers d’euros supplémentaires par an.
Les exclusions spécifiques constituent une autre réalité. L’assureur peut accepter de couvrir l’emprunteur mais exclure tout sinistre lié à sa pathologie non objectivable. En cas d’arrêt de travail pour dépression, par exemple, l’assurance ne jouerait pas.
Dans les cas les plus sévères, le refus d’assurance peut survenir. L’assureur considère alors que le risque est trop élevé pour être couvert, même avec une surprime importante. Cette situation peut compromettre l’obtention du crédit immobilier.
Les questionnaires médicaux renforcés compliquent également les démarches. L’assureur peut exiger des examens complémentaires, des rapports médicaux détaillés ou des questionnaires spécifiques pour évaluer la pathologie.
Cas pratiques
Prenons l’exemple de Monsieur Dupont, cadre de 35 ans souffrant de dépression depuis deux ans. Stabilisé sous traitement, il souhaite emprunter 250 000 euros. L’assureur lui propose une surprime de 150 % et exclut tous les troubles psychiques. Sa cotisation mensuelle passe de 80 à 200 euros.
Madame Martin, 42 ans, diagnostiquée fibromyalgique, se voit refuser l’assurance par trois compagnies successives. Elle doit finalement accepter une surprime de 200 % chez un assureur spécialisé, soit une cotisation de 180 euros par mois au lieu de 60 euros initialement prévus.
Ces exemples illustrent l’impact financier considérable que peuvent avoir les maladies non objectivables sur le coût total du crédit immobilier.
Stratégies pour obtenir une assurance Emprunteur
Malgré les difficultés liées aux maladies non objectivables, plusieurs stratégies peuvent vous aider à obtenir une assurance emprunteur adaptée à votre situation. Ces approches augmentent significativement vos chances d’accéder au crédit immobilier souhaité.
Préparation optimale du dossier médical
Constituer un dossier médical complet et cohérent représente la première étape cruciale. Rassemblez tous vos comptes-rendus médicaux, analyses, prescriptions et certificats médicaux. Cette documentation doit retracer l’évolution de votre pathologie et démontrer votre suivi médical régulier.
Documentez la stabilité de votre état de santé sur plusieurs mois ou années. Montrez que votre pathologie est bien contrôlée, que vous suivez votre traitement et que votre situation professionnelle reste stable malgré la maladie.
Anticipez les questions de l’assureur en préparant des réponses précises sur l’origine de votre pathologie, les traitements suivis, leur efficacité et votre capacité à maintenir une activité professionnelle normale.
Optimiser votre présentation auprès des assureurs
Mettez en avant votre stabilité professionnelle et personnelle dans votre dossier. Démontrez tous les éléments qui démontrent que malgré votre pathologie, vous maintenez une vie active et équilibrée.
Présentez un suivi médical rigoureux et régulier comme gage de sérieux dans la gestion de votre santé. Les assureurs apprécient les dossiers qui montrent une prise en charge médicale continue et appropriée.
Acceptez les propositions alternatives que pourrait vous faire l’assureur. Il est important de comprendre que les conditions tarifaires et les exclusions sont généralement non négociables pour l’assuré final. Les assureurs appliquent des grilles tarifaires standardisées.
Soyez patient et persévérant car certains assureurs peuvent prendre du temps pour étudier votre dossier. La complexité des maladies non objectivables nécessite parfois l’intervention de médecins-conseils spécialisés.
Conclusion
Les maladies non objectivables compliquent indéniablement l’obtention d’une assurance emprunteur, mais des solutions existent toujours. La clé du succès réside dans une préparation minutieuse de votre dossier, une approche transparente avec les assureurs et la persévérance dans vos démarches.
L’évolution réglementaire tend vers une meilleure prise en compte de ces pathologies, et le marché de l’assurance s’adapte progressivement à cette réalité. Votre projet immobilier reste réalisable avec une stratégie adaptée et un accompagnement professionnel approprié.
Votre maladie non objectivable ne doit pas faire obstacle à vos projets de vie.